août 18, 2018
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Construire des ponts en faveur de la société civile

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La société civile arménienne est en pleine expansion depuis quelques années, comme le prouve le ministère arménien du Travail et des Affaires sociales qui a mis en place un système d'enregistrement de ces organisations. En 2016, on comptabilisait ainsi plus de 4500 organisations publiques, 1015 fondations et 220 personnes morales. Bien que ces chiffres constituent des indicateurs positifs d'un secteur de plus en plus dynamique, d'autres études montrent quant à elles que seulement 10 à 15 % de ces organisations de la société civile (OSC en français, CSO en anglais) sont réellement opérationnelles. Face à ce constat,comment faire pour que la société civile arménienne réponde de manière plus efficace aux attentes et besoins des citoyens ?

Force de proposition

Pour répondre à cette question, l'UGAB a récemment lancé un programme financé par la Commission européenne appelé BRIDGE for CSOs. BRIDGE étant un acronyme pour Bringing Real Impact with Diaspora Global Engagement. En collaboration avec la Fondation pour le Partenariat eurasiatique (EPF), l'UGAB a créé un programme de 3 ans qui vise à renforcer la société civile en Arménie en utilisant les talents et l'expertise de la diaspora. Il comprend un ensemble d'activités telles que des formations sectorielles spécifiques, un programme de certificat universitaire, des subventions (entre 20 000 et 30 000 €) et l'expertise d'un « Ambassadeur de bonne volonté ». Le programme BRIDGE sollicite ainsi une nouvelle génération deprofessionnels issus de diaspora afin de renforcer et promouvoir la société civile arménienne, renforcer ses capacités et luipermettre d'avoir un impact positif sur les citoyens. Car les OSC sont souvent en première ligne des problématiques politiques, leur capacité de plaidoyer et leur force de proposition encouragent le gouvernement à répondre aux attentes de la population.

Elles permettent également de répondre aux sujets qui échappent bien souvent aux priorités gouvernementales telles que le parascolaire, l'aide sociale, les réfugiés ou encore les problématiques environnementales. Ces organisations de la société civile servent enfin de garde-fou et veillent à responsabiliser le gouvernement quant au respect des droits de l'homme ou à la tenue d'élections libres et transparentes.

L'engagement de mentors de la diaspora pour la société civile arménienne

Chaque projet d'une organisation de la société civile suppose un tuteur de diaspora. Pour Isabella Merabova, coordinatrice du programme BRIDGE à l'UGAB Arménie, il s'agit « d’inviter les membres de diaspora à fournir des idées et des connaissances dans leurs domaines d'expertise, qu'il s'agisse de santé, de sport, de culture... Ces consultations pro bono peuvent se faire en présentiel ou en ligne par le biais de la plateforme TogetherforArmenia.am, gérée en coopération avec l'UNICEF ». Celle-ci stocke les profils des experts de diaspora qui s'inscrivent eux-mêmes et s'identifient dans leurs domaines d'expertise ; l'OSC entre ses critères de recherche et la plateforme établit la correspondance adéquate. La relation de mentorat peut alors s'établir entre les deux. L'UGAB Arménie supervise l'ensemble du processus afin d'assurer des résultats optimaux. Le programme BRIDGE prévoit également la recherche « d’ambassadeurs de Bonne Volonté » incarnés par une personne influente et reconnue dans son domaine d'expertise qui offrira une plus large visibilité à l'OSC. Selon Mme Merabova, « Ils peuvent aider à faire connaître une action à un public plus large, que ce soit sur les réseaux sociaux, dans les médias ou lors d'événements divers et instaurer un climat de confiance avec les potentiels soutiens ».

L'université américaine

Il s'agit également de faire progresser le secteur des OSC en Arménie par le biais du nouveau programme de certification proposé par l'université américaine en Arménie qui fait désormais partie de l'expérience BRIDGE. Celui-ci est conçu pour dispenser des enseignements plus larges et plus sophistiqués pour la gestion et la croissance d'une OSC. Pour la coordinatrice du programme, « Il s'agissait d'approfondir les connaissances en matière de renforcement des capacités, notamment dans les domaines de la gestion financière, la comptabilité, les ressources humaines, etc. ». Cette formation universitaire incitera ainsi les acteurs concernés à intégrer ces méthodes reconnues afin de développer leurs compétences.

Une approche axée sur les résultats

À ce jour, 14 experts arméniens des États Unis, des Pays-Bas, du Liban, de Russie, du Royaume-Uni et de Syrie ont fourni des services de consultation à titre gracieux à 25 organisations de la société civile arméniennes. Environ 66 représentants d'OSC ont participé à des formations sur les thèmes de la culture et de l'art, de l'éducation et de l'entrepreneuriat social. Trois événements ont été organisés en présence d'ambassadeurs de bonne volonté afin d'accroître le niveau de sensibilisation et la confiance du public vis-à-vis des OSC. Parmi les nombreux candidats, 24 projets ont reçu des subventions pour des projets aussi divers que le renforcement de l'autonomie des filles en Arménie par le sport ou dans les technologies de l'information, le développement de l'industrie cinématographique en Arménie, la promotion de la randonnée et de l'écotourisme, l'aide aux enfants diabétiques et le soutien aux familles d'enfants handicapés, la production d'herbes et de fruits secs, etc. Parmi les ONG participant au programme, on trouve la Fondation Civilitas pour le journalisme, la Start Up Armenia Scientific Foundation qui enseigne aux jeunes les compétences nécessaires à l'écosystème des start-ups ou encore Green Age qui promeut l'agriculture biologique pour aider les agriculteurs issus de zones rurales.

Pour le président de l'UGAB Arménie, Vasken Yacoubian, « L'UGAB était un choix évident pour BRIDGE : notre présence mondiale offre un vaste réseau de tuteurs potentiels, grâce aux alumni issus de nos écoles, colonies de vacances, programmes de stage ou anciens boursiers. Beaucoup d'entre eux sont maintenant des membres actifs du réseau des Jeunes Professionnels (Young Professionals, YP). L'UGAB est donc particulièrement bien placée pour sensibiliser les professionnels de la diaspora afin qu'ils inspirent une nouvelle génération de citoyens arméniens ».

Cet article a été publié dans les Nouvelles d'Arménie Magazine n°257