Les pieds ancrés dans l’histoire, et les yeux tournés avec détermination vers l’avenir, l’UGAB est résolue à écrire un nouveau chapitre de son histoire, afin d’avoir, pour le siècle à venir, une force et un retentissement toujours plus importants. Nous sommes convaincus que nous détenons en nous-mêmes la force de surpasser les difficultés et ce, malgré l’océan d’incertitudes.
A l’heure où s’achève l’année 2022, nos cœurs sont à nouveau serrés de savoir nos frères et sœurs d’Arménie, surtout d’Artsakh, toujours en proie à une menace existentielle. A la guerre, à l’invasion et aux attaques incessantes, l’Azerbaïdjan a ajouté le blocus de la Route de la Vie, isolant l’Artsakh de l’Arménie, et donc du monde. Ainsi, si cette année devait nous transmettre un enseignement, ce serait la nécessité vitale de rester aux aguets et surtout, de cultiver cette indéfectible résilience qui caractérise notre peuple et inspire chaque jour la mission menée par l’UGAB.
Conscients des enjeux et empreints de cet esprit, nous avons démontré lors de cette année 2022 notre capacité à façonner sans cesse un horizon plus lumineux.
Au cœur de nos missions d’abord, nos programmes historiques ont su surpasser le choc de la pandémie et retrouver leur vitalité. Aux quatre coins du monde, nos sections ont repris leurs activités, demeurant à la fois sources d’opportunités et sources de soutien. Nos communautés locales ont effacé les frontières qui nous contraignaient à la distance, créant de nouveaux espaces de réflexion et de projets. Nos centres culturels, nos écoles, nos colonies de vacances ont réouvert leurs portes pour redevenir des lieux de vie, vibrant des éclats de voix et de rires. Nos évènements artistiques et culturels ont renoué avec le succès, jouant à guichet fermé dans des lieux de prestige. Notre jeunesse, au premier de laquelle nos Jeunes Professionnels (YP), a été la plus belle illustration de cette flamme permanente. Par son engagement elle a été la parfaite illustration de l’esprit qui nous anime : engagée, créative, vivante, solidaire. Elle est la preuve que nous ne sommes pas un poing refermé sur nous-même mais une main tendue sur le monde.
L’année 2022 fut aussi marquée par un évènement important – la 92e Assemblée Générale de l’UGAB. Deux ans après la guerre d’Artsakh du 27 septembre 2020, nous tenions à ce qu’elle ait lieu en Arménie. C’était sans savoir alors qu’elle se tiendrait quelques semaines après une nouvelle attaque de l’Azerbaïdjan, sur le sol souverain de l’Arménie, violant son intégrité territoriale et fauchant la vie de 200 de ses enfants. A nouveau menacée dans son existence, en proie aux velléités nationalistes de ses voisins, il était crucial pour l’UGAB et à ses membres venus de 25 pays différents, de réaffirmer notre solidarité par notre présence et rappeler que jamais, nous ne céderons à l’ultra violence.
A la lumière de notre histoire, en particulier de ces trois dernières années particulièrement douloureuses, il nous fallait regarder vers l’avenir avec une vision éclairée. C’est la raison pour laquelle cette année fut placée sous le signe de la réflexion par le lancement de ses premiers sommets régionaux. L’UGAB a choisi l’année 2022 pour galvaniser son réseau mondial afin de redéfinir collectivement le nouvel horizon de notre organisation, à l’aube de son 116e anniversaire. Nous avons mobilisé notre réseau mondial, nos bureaux régionaux et locaux, sollicité des personnalités reconnues, des chercheurs réputés et des leaders d’opinions influents afin qu’ils participent à ces forums. Chacun, riche de son expertise, de son expérience, de ses attentes, a pu partager son analyse, sa vision, ses aspirations quant à ce que devait incarner une institution comme la nôtre.
Après Beyrouth pour le Moyen-Orient et Genève pour l’Europe, ces forums continueront de se tenir tout au long de l’année 2023. Ils participent à une démarche globale de réévaluation, de réalignement et de réflexion sur le futur de l’UGAB. Singuliers sur l’observation qu’ils apportent pour chaque région, ils ouvrent des espaces d’intense réflexion et d’échange. Alors que nous sommes à la croisée des chemins - générationnels, géopolitiques et technologiques - cette réorientation permettra la consolidation et le renforcement de notre institution à l’heure où la survie de notre identité, de notre terre et de notre peuple est en proie à une menace existentielle. Cette nouvelle stratégie, reflet des valeurs intemporelles de l’UGAB et fondée sur de nouvelles priorités, permettra l’optimisation de nos ressources et une mobilisation pertinente de notre réseau. Elle nous donnera les moyens de surmonter les défis qui nous font face et de saisir toutes les opportunités que nous offre l’avenir.
Portés par cette vision et cette ambition, nous avons lancé cette même année l’Institut de Recherche en Politique Appliquée « APRI » (Applied Policy Research Institute of Armenia). Ce think-tank apolitique et indépendant, sera un accélérateur de politiques publiques pour promouvoir la stabilité régionale, façonner une prospérité durable pour l’Arménie, encourager les vocations vers le service public et renforcer l’État et sa diplomatie. Les recherches, les initiatives et les projets qu’APRI Armenia lancera tendront vers la résolution concrète des problématiques afin de répondre aux défis majeurs qui entravent à court et long terme le potentiel de l’Arménie. Il constitue un autre lieu de réflexion, un espace de travail constructif et collaboratif entre l’Arménie et la diaspora pour approfondir les enjeux critiques qui freinent notre essor.
Dans ce même esprit, au lendemain de la guerre des 44 jours, l’UGAB avait lancé en 2021 un appel pour soutenir des projets de recherche sur l’Artsakh. Cet appel visait le renforcement de la connaissance universitaire et la sensibilisation du grand public sur son histoire, sa culture, sa situation géopolitique. Grâce aux 18 bourses accordées, ces recherches sont aujourd’hui publiées et elles portent leurs fruits. Elles sont éclairantes et déterminantes en ce qu’elles nous permettent d’appréhender l’Artsakh avec une vision plus juste. D’où notre volonté de créer de nouvelles opportunités de financement en 2023.
Ces deux exemples, parmi tant d’autres, illustrent les efforts considérables que déploie l’UGAB pour identifier, nourrir et produire des réflexions et contenus fiables à partager massivement afin de sensibiliser le monde à notre juste cause.
Au regard des enjeux, il nous faut continuer à demeurer attentifs à tout ce qui pourrait avoir un impact direct sur la survie et la prospérité de l’Arménie. Le monde évolue à grande vitesse, et le monde arménien est lui-même l’objet de ces mouvements et de ces bouleversements – tant au niveau régional que mondial. Ces dernières années nous ont douloureusement appris que l’Arménie et les Arméniens ne peuvent compter que sur eux-mêmes. Nous ne pouvons pas nous permettre d’être à la merci des forces extérieures qui, en Arménie comme en diaspora, cherchent à nous désunir et risqueraient d’amoindrir notre influence, par manque de collaboration et de respect mutuel.
Partout, ces dernières années ont été placées sous le signe de la douleur. La pandémie de COVID-19 a été dévastatrice, tant lors des différentes vagues que dans ses répercussions, encore et toujours ressenties, notamment en matière d’inflation. La crise financière au Liban, désormais chronique, a anéanti tous les espoirs des Arméniens du Liban, sans que l’on puisse à ce jour voir une quelconque issue positive. La guerre en Ukraine a apporté son nouveau lot d’exil et de morts pour les Arméniens d’Ukraine, et son retentissement est réel pour tous, aussi bien sur les marchés mondiaux que sur le coût du logement en Arménie.
Les enseignements des dernières années doivent guider notre conception de l’avenir. Néanmoins, nous ne pouvons pas nous laisser aller à la mélancolie ou au désespoir. Il nous faut avancer avec optimisme et détermination car nous détenons entre nos mains toutes les capacités pour surmonter les épreuves qui nous font face. Dotés d’un des plus grands réseaux dans le monde, constitué d’individus de grand talent, de brillants intellectuels, d’habiles chefs d’entreprises, de personnalités influentes, de partenaires loyaux, de donateurs dévoués, de bénévoles engagés, notre nation foisonne de capital humain, matériel et technologique.
Nous sommes la propre clé de notre réussite. Et l’UGAB en est le catalyseur.
C’est pourquoi nous poursuivrons notre mission : donner l’opportunité à tout Arménien, quel qu’il soit et où qu’il se trouve, de prendre sa part dans la construction et le renforcement de sa réussite, celle de sa communauté et celle de sa nation. Par chance, la flamme qui brûle en nous est inébranlable, comme en atteste la recrudescence du bénévolat, du mentorat et de cet esprit de solidarité qui nous anime, dans toutes nos communautés, aux quatre coins du monde.
Les pieds ancrés dans l’histoire, et les yeux tournés avec détermination vers l’avenir, l’UGAB est résolue à écrire un nouveau chapitre de son histoire, afin d’avoir, pour le siècle à venir, une force et un retentissement toujours plus importants. Nous sommes convaincus que nous détenons en nous-mêmes la force de surpasser les difficultés et ce, malgré l’océan d’incertitudes. Ce n’est que par un travail collectif que nous pourrons relever les défis qui nous font face, optimiser nos capacités et saisir chaque opportunité qui s’offre à nous.
La première des forces de l’UGAB est son réseau. Je tiens par conséquent à remercier tous nos soutiens, nos membres, nos donateurs, nos partenaires ainsi que nos bureaux régionaux, nos sections locales, nos bénévoles et nos employés. Partout dans le monde, ils sont les artisans de l’ombre, cette armée de volontaires dévoués, qui plie mais ne rompt jamais. Ils sont le cœur battant de l’UGAB, ce cœur qui lui permet d’être ce qu’elle est, depuis 116 ans et qui lui permettra de poursuivre sa mission pour le siècle à venir, au service de notre nation.
Pour tout cela, je vous exprime ma profonde reconnaissance et ma sincère admiration. Je vous souhaite à tous, et à tous ceux que vous chérissez, une belle nouvelle année et un joyeux Noël arménien.
Cet article a été publié dans les Nouvelles d'Arménie Magazine n°303