En tant qu'Arméniens de la diaspora et ayant chacun des cultures différentes, notre potentiel est immense et doit être exploité au profit de la communauté arménienne du monde entier. Nous avons aussi un devoir envers les autres communautés vulnérables.
L'UGAB a officiellement lancé sa première section allemande le 10 décembre 2020, à Berlin. Fondée par Georgi Ambarzumjan, président, et Hovig Altunkaya, vice-président, l'UGAB Allemagne a pour objectif de construire un réseau solide d'Arméniens en Allemagne, s'engageant à renforcer la mission séculaire de l'UGAB, consacrée à la préservation et à la promotion du patrimoine arménien, à travers de nombreux programmes éducatifs, culturels et humanitaires.
Comment a débuté votre engagement à l’UGAB et quels aspects de l’organisation vous ont attiré ?
H : Georgi et moi partageons tous deux une grande admiration pour les réalisations historiques de l'UGAB. Personnellement, ma famille - qui vient de Syrie - est membre de l'UGAB depuis de longues années. En 2007, j’ai cofondé en Allemagne le club d'étudiants arméniens HAIK qui est devenu par la suite un partenaire de l’organisation. L’UGAB est exemplaire en matière de résilience au sein de la communauté arménienne et sert de modèle aux institutions arméniennes de la diaspora grâce à son approche professionnelle et à ses standards élevés en matière de programmes.
G : Hovig et moi-même avons par ailleurs tous deux bénéficié de bourses de l'UGAB au cours de nos études. Grâce à la recommandation de l'UGAB France, j'ai également eu le privilège de résider à la "Maison des Étudiants Arméniens" au cœur de la Cité Universitaire, pendant mes études à Paris. Nous sommes également des alumni du programme Goriz de formation au leadership de l'UGAB Europe. Ce programme nous a permis de participer à des séminaires organisés en Belgique, en France, en Géorgie, en Italie, en Turquie, en Arménie et en Artsakh. Grâce à ces activités, nous avons acquis de nouvelles perspectives et développé des liens sociaux et professionnels très forts auprès de personnes qui sont désormais de bons amis et de proches partenaires.
Pouvez-vous décrire les objectifs de votre section et de quelle manière celle-ci sert la communauté arménienne locale ?
H : Notre section souhaite contribuer au développement culturel, social et intellectuel de la communauté arménienne d’Allemagne, ainsi qu’à la préservation de son identité et de son patrimoine. Cela passe, à notre sens, par la formation des membres de notre communauté dans de nombreux domaines. Nous aimerions créer une génération de leaders et de membres engagés aux côtés de notre communauté et de la nation arménienne. Nous voulons permettre à toutes celles et ceux qui désirent s’engager de le faire dans une atmosphère productive, en coopération avec les autres associations arméniennes du pays. Grâce à notre professionnalisme, nous voulons gagner la confiance des institutions, obtenir des subventions, créer des projets qui favorisent la coopération culturelle et intellectuelle entre l'Allemagne et l'Arménie, et ainsi augmenter le potentiel d’échange entre nos deux nations et nos communautés, sur la base d’une compréhension commune des enjeux de démocratie et de respect des droits de l'homme. Par-dessus tout, nous souhaitons aider et former nos compatriotes arméniens dans de nombreux domaines tels que le travail d'équipe, la culture du débat, la tolérance et le respect.
G : Afin d’être en mesure de servir notre communauté, il est essentiel d'apprendre à connaître nos compatriotes germano-arméniens et leurs origines. Les Arméniens d'Allemagne ne constituent pas un groupe monolithique car ils sont arrivés de différents pays, à différentes époques. Par exemple, la plupart des Arméniens arrivés dans les années 90 n’ont eu que très peu de temps pour faire prospérer leurs affaires, tandis que les Arméniens venus de Turquie dans les années 60 vivent dans la troisième, voire la quatrième génération, et ont donc bénéficié du système allemand d'économie sociale de marché. Ils se sont surtout lancés dans la création de petites entreprises et ont développé leurs activités au fil du temps. Cependant, il est certain que les Arméniens ayant des expériences similaires ne partagent pas tous les mêmes opinions, les mêmes intérêts et les mêmes perspectives. Il est donc important de comprendre les différences culturelles des membres de notre diaspora.
Si vous pouviez décrire le programme de votre section en 3 mots, quels seraient-ils ?
G : Leadership - Réseau - Culture
Pourriez-vous nous décrire certaines de vos récentes réalisations et les projets que vous souhaiteriez mener dans le futur?
G : Nous travaillons actuellement sur un certain nombre de projets en ligne destinés à nos membres potentiels. Nous souhaitons inciter les talents de notre communauté à nous rejoindre. En tant qu'organisation de la diaspora, il est important pour nous d'être visibles dans la société allemande et de donner une voix à notre communauté. C'est pourquoi nous continuerons à coopérer avec des organisations et des personnalités reconnues afin d’augmenter notre visibilité au sein de la société. Lors de la guerre en Artsakh, nous avons donné plusieurs interviews au plus grand journal du pays, permettant d’inclure l’Arménie au centre du débat public, notamment en ce qui concerne les droits des minorités.
H : L’ambassade d’Arménie en Allemagne a souhaité inviter Georgi à parler de la guerre en Artsakh, lors de la conférence de presse fédérale organisée à Berlin. Cela nous a permis de souligner la nécessité d'une couverture médiatique de qualité et d'une dénonciation claire de l'agresseur sur la plateforme de presse la plus représentative du pays, mais aussi d'aborder les inexactitudes juridiques qui circulaient dans les médias allemands. Un autre axe de notre travail sera la promotion du secteur informatique et touristique de l'Arménie et de l'Artsakh. L'ouverture du TUMO Berlin est une étape importante en ce sens car elle permet de montrer que même les pays leaders dans le domaine de l’innovation et des nouvelles technologies comme l'Allemagne peuvent s'inspirer des succès arméniens. Nous avons également l’intention d'ajouter Francfort et Berlin comme destinations supplémentaires du Programme de Leadership mondial de l’UGAB, destinés aux jeunes professionnels du monde entier.
G : Il nous semble également important que l’UGAB puisse organiser en Allemagne des événements qui rassemblent toute la communauté. Ce fût le cas lors de la commémoration en ligne du génocide des Arméniens que nous avons organisée en 2020 et qui fût l’événement commémoratif principal du 24 avril dans le pays. Nous avons utilisé nos réseaux professionnels et personnels pour atteindre des personnalités jouissant d’une importante visibilité publique, que ce soit en Arménie ou en Allemagne. Au total, plus d'une douzaine d'orateurs et de musiciens ont participé à notre événement, dont des personnalités politiques et médiatiques allemandes de premier plan. Le moment fort de cet événement fut sans aucun doute l’intervention de Srpazan Servopé Isakhanyan, concluant la commémoration par son intercession et sa bénédiction pour le futur de notre section.
Y a-t-il une chose que vous souhaiteriez que les gens sachent à propos de l'UGAB ?
H : Tout au long de ses 115 ans d'histoire, l'UGAB s'est tenue aux côtés du peuple arménien et a été le garant de la survie, du développement, de la prospérité et de la croissance de la communauté arménienne grâce à la détermination inébranlable de ses fondateurs, de ses dirigeants et de ses membres. Chaque Arménien devrait le savoir.
Comment votre engagement au sein de l'UGAB a-t-il forgé votre identité au sein de votre famille, auprès de vos amis et dans votre carrière ?
H : Mes parents et mes grands-parents se sont toujours engagés pour la communauté. Il était donc naturel pour moi d’en faire autant. Faire partie du réseau mondial de l’UGAB est enrichissant, motivant et présente de nombreux avantages. En tant qu'Arméniens de la diaspora et ayant chacun des cultures différentes, notre potentiel est immense et doit être exploité au profit de la communauté arménienne du monde entier. Nous avons aussi un devoir envers les autres communautés vulnérables.
G : Travailler avec les dirigeants de l'UGAB m'a montré l'importance de servir de modèle pour le peuple arménien. Ce sont eux qui permettent aux talents de notre communauté d’utiliser leurs points forts et leurs compétences pour les mettre au service de leur entourage.